Pierre
Sous-lieutenant
de réserve
152ème
régiment d’infanterie
Classe :
1907
Recrutement :
Épinal
Mort
pour la France le 28 avril 1915
à
l’ambulance 2/58 de Moosch (Haute Alsace)
des
suites de ses blessures
Né
le 18 octobre 1887
à
Thann (Vosges)
Tout mon
esprit est occupé d’une famille d’ici, 2 fils tués à l’ennemi en 15 jours. Ce
sont des industriels très généreux et actifs. La visite que j’ai faite hier m’a
beaucoup impressionné : une énergie extraordinaire, déroutante, nette,
consciente, avec une foi religieuse des plus vagues. Je dois faire le service
demain, tu juges avec quelle anxiété.
(Albert
Léo à Jean – 30 avril 1915)
Avant-hier
nous étions invités à déjeuner chez les Scheurer, le capitaine de Ronseray et
moi. La neige, qui avait presque complètement disparu la veille sous la pluie
chaude, était retombée très abondante pendant la nuit. De la salle à manger qui
donne par une large baie sur la montagne, c’était éblouissant et féerique. Et
dans ce cadre les hôtes qui sont toujours une leçon vivante de courage et de
bonté. De Trévise était là. La conversation s’est égarée sur le terrain
politique et dans la discussion Mr Scheurer a apporté de la droiture, de la
fermeté, de la courtoisie, des vastes connaissances et une vaste intelligence.
C’est épatant. Il y a très souvent diversité de vue entre ses hôtes et lui, car
ses hôtes, quand ce sont des militaires de carrière, sont réactionnaires, et
lui est un républicain convaincu, frère de Scheurer-Kestner, président du Sénat
et défenseur de Dreyfus.
(Jean
à sa mère – 10 janvier 1918)
Pierre et Daniel Scheurer étaient les fils de Jules
Scheurer (1852-1942) et de Marie-Anne Dollfus (1863-1942). Les Scheurer avaient aussi
une fille. Jules Scheurer était un industriel du textile. Entre 1920 et 1927,
il a été sénateur du Haut-Rhin.
Dans sa lettre à Jean du 30 avril 1915, Albert Léo
ne cite pas le nom des Scheurer, ni bien sûr – censure oblige – l’endroit où
il se trouve.
Mais lorsque les hasards de la guerre amèneront le
132ème R.I. à Thann, en Alsace, Jean lui aussi sera très fréquemment
leur hôte (il mentionne, entre juin 1917 et janvier 1918, une quarantaine de
visites !). Dans ses lettres à sa mère, il parle d’eux avec admiration
et affection, mais toujours de manière très brève, sauf dans sa lettre du 10
janvier 1918, citée ci-dessus.
HF
(01/07/2015)
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