Antoine,
Séverin, Marius
Chef
de bataillon
132ème
régiment d’infanterie
Classe :
1895
Recrutement :
Privas
Mort
pour la France le 16 avril 1917
au
champ de bataille de l’Aisne, ferme de Metz
Tué
à l’ennemi
Né
le 1er août 1875
à
Tournon (Ardèche)
C’est là [à
Chartèves, en juillet 1916] que nous rejoint notre nouveau chef de bataillon,
le commandant Rivals, un homme vif, amusant, intelligent et droit.
(Jean
Médard – Mémoires)
Figure-toi
que le capitaine Rivals mon chef de bataillon, avec qui je prends tous mes
repas, est le neveu authentique de Jean et Henri Monnier [professeurs de Jean à la
faculté de théologie de Paris], il a épousé la fille d’une de leurs sœurs. Ça m’a amusé
de nous trouver ainsi en pays de connaissance.
(Jean
à sa mère – 27 juillet 1916)
Dans la
journée nous nous approchons des lignes. Tandis que je marche à côté du
commandant Rivals un obus vient se ficher à terre à quelques mètres de nous
sans éclater : « Il a rudement bien fait ! » se borne à
déclarer le commandant.
(Jean
Médard – Mémoires, automne 1916, front de Somme)
Le commandant
[Rivals] préside toujours notre petit cercle avec entrain, bonté, simplicité.
Le bataillon est très « famille » et très recherché à cause de cela
par les officiers nouveaux venus. […] Nous avons un très chic colonel [Théron]
aussi.
(Jean
à sa mère – 26 novembre 1916)
Le soir ns étions tous réunis autour du
commandant Rivals, pour un de ces gueuletons monstres dont le 2ème
bataillon a le secret. Ce fut très gai et très bruyant.
(Jean
à sa mère – 25 janvier 1917)
Je suis parti
samedi soir avec le commandant [Rivals]. Itinéraire très court, mais voyage
très long. Couché à l’hôtel. [Récit de sa journée à Paris avec ses amis de la
Fédé ou de la faculté de théologie.]
Retour avec
le commandant [Rivals] que j’ai retrouvé à la gare et qui m’a présenté sa
femme. Voilà le canevas de la journée.
(Jean
à sa mère – 12 février 1917)
Après
déjeuner j’ai fait une partie de cartes avec le commandant [Rivals], ça ne
m’était pas arrivé depuis la Somme.
(Jean
à sa mère – 6 mars 1917)
Nous sommes
bien installés. Le commandant [Rivals] qui est venu nous voir hier a été ravi
de mon installation. Je deviens prêteur de livres. Il m’a emprunté un Rudyard
Kipling.
(Jean
à sa mère – 29 mars 1917)
Un jour, avec
le commandant Rivals, je vais examiner depuis un bon observatoire notre secteur
d’attaque. Le commandant fait la grimace. Nous devons attaquer depuis la vallée
jusqu’au Chemin des Dames entre Soupir et le canal de l’Oise à l’Aisne, en
liaison avec le 20ème corps à notre droite, de l’autre côté du
canal. Malheureusement le secteur du 132ème est un fond de cuvette
et les positions allemandes nous dominent de toutes parts.
(Jean
Médard – Mémoires, avril 1917, juste avant le Chemin des Dames)
Les nouvelles
sont consternantes : notre progression a été rapidement stoppée et nos
pertes sont lourdes. Au 2ème bataillon notre cher commandant Rivals
a été tué, ainsi que le capitaine Candillon et bien d’autres.
(Jean
Médard – Mémoires, avril 1917, Chemin des Dames)
JMO du 132ème R.I. - 16 avril 1917 |
Nous
sommes en plein travail. La première partie a été dure. Le Commandant Rivals et
le Capitaine Candillon ont été tués, le colonel [Théron] blessé. Inutile de te
dire la peine que ça nous fait.
(Jean à sa mère – 17 avril 1917)
(Jean à sa mère – 17 avril 1917)
Nous
voilà de nouveau au repos pour peu de jours, après une semaine de combats. Le régiment
a été vraiment admirable. Il a fait quelque chose, cette fois. Je te raconterai
tout ça. Malheureusement les vides sont grands… notre cher commandant [Rivals]
surtout. Aujourd’hui, ds un hôpital voisin ns sommes allé voir à cheval les
officiers blessés : le colonel [Théron] toujours serein, [Roger de] La
Morinerie blessé de 4 balles, etc., etc.
(Jean
à sa mère – 20 avril 1917)
Mme Rivals
a su la mort de son mari par Combemale qui est toujours à l’hôpital et qu’elle
venait voir régulièrement.
(Jean
à sa mère – 28 avril 1917)
Madame
Monnier m’a envoyé des photos du Cdt Rivals pour les donner aux
officiers qui l’ont connu et aimé.
(Jean
à sa mère – 29 juillet 1917)
[1] - Marguerite Monnier (1857-1936) épouse en 1881 Henri Kuntzel (1851-?)
Antoine Rivals était le fils de Jean Marius François
Rivals, employé de commerce, âgé de 29 ans, et de Marie Clémentine Boussy, lingère,
âgée de 25 ans. Au moment où sa fiche matricule a été rédigée, sa mère était
décédée.
On trouve en ligne sur le site de
la Société genevoise de généalogie
trois sœurs de Jean et Henri Monnier (tous deux professeurs de Jean à la faculté de théologie de Paris, dont Henri Monnier était par ailleurs le doyen).
Pendant longtemps, aucun indice n'avait permis de savoir de laquelle des trois sœurs Monnier madame Rivals était la fille.
En août 2017, Bruno Rivals, petit-neveu du commandant apporte de précieuses informations à ce sujet : l'épouse de son grand-oncle s'appelait Germaine Chapon. Cet indice permet de savoir que madame Rivals était donc la fille de Sophie Monnier (1859-1922), la deuxième sœur des frères Monnier. Les informations de Bruno Rivals donnent en outre des précisions sur l'époux de Sophie Monnier, Henri Chapon : officier à Aubenas, il avait été le supérieur d'Antoine Rivals lors de sa sortie de Saint-Cyr. Par ailleurs, il était, comme Rivals, Ardéchois. Antoine Rivals et Germaine Chapon se sont mariés en 1900. Ils ont eu un fils, engagé volontaire vers la fin de la guerre, donc probablement né vers 1901, dont la famille de Bruno Rivals a perdu la trace. Les Rivals résidaient certainement à Paris ou en région parisienne, puisque d’une part, Jean rencontre le commandant et madame Rivals à la gare le 11 février 1917 à l’issue d’une permission d’un jour ; et d’autre part, il mentionne qu’elle visite régulièrement Combemale, qui était hospitalisé à Paris.
Antoine Rivals, Saint-Cyrien, avait
été officier d’active. Il était arrivé au 132ème R.I. le 15
juillet 1916, et avait le 2 août été promu chef de bataillon. Jean l’a côtoyé
de près jusqu’à sa mort le 16 avril.
La légende "Les tombes des
Cdt Rivals et Cne Candillon", écrite de la main
de Jean au verso de la photo ci-dessus, qui fait partie des archives
personnelles de Jean Médard, peut être trompeuse. La tombe de gauche est bien
celle du capitaine Candillon, mais à droite, il s'agit de celle du
lieutenant Gonin. Il faut préciser que sur le tirage papier en ma
possession, très pâli par l’âge, les inscriptions sont quasiment invisibles à l’œil
nu, seul le traitement numérique permet d’en améliorer la lisibilité.
Par contre, la photo
ci-dessous, publiée dans Pages 14-18, malheureusement sans sa
source, est d’une bien meilleure qualité. On distingue nettement les
inscriptions des tombes du premier plan, celles de René Candillon et de Claude Gonin. Et pour peu que l’on sache à l’avance
son grade et son nom, on peut deviner que la tombe du commandant Rivals est au
fond à gauche.
HF
(31/01/2017 et 06/08/2017)
Source
pour les informations militaires : archives départementales de l’Ardèche,
fiche matricule d'Antoine Rivals.
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[1] - Marguerite Monnier (1857-1936) épouse en 1881 Henri Kuntzel (1851-?)
- Sophie Monnier (1859-1922) épouse en 1879
Henri Chapon (1855-?)
- Madeleine Monnier (1862-1935) épouse en 1885
Jean Risler (1856-?)