A propos des "Pièces jointes"

Ces "Pièces jointes" sont un complément au blog 1914-1918 : une correspondance de guerre où sont publiées les lettres échangées pendant la Première guerre mondiale entre Jean Médard et les siens, en particulier avec sa mère, Mathilde. (Pour toutes les informations sur Jean Médard, se reporter au blog de base).

On trouvera ici un billet sur tous les amis ou camarades morts dont Jean évoque le souvenir. Pour chacun :
- sa fiche de "Mort pour la France" avec sa transcription (en bleu) ; toutes ces fiches proviennent du site Mémoire des hommes ;
- tous les textes de la correspondance et des mémoires de Jean Médard le concernant (en italiques) ;
- dans la mesure du possible, une notice biographique (dans un encadré).
Merci d'avance à tous ceux qui pourraient me communiquer des informations me permettant d'étoffer certaines notices, ou tout simplement me signaler leur parenté avec la personne à qui le billet est consacré. (Mon adresse est dans le blog de base, sous l'onglet A propos du blog.)

Les articles sont publiés dans l'ordre des décès, les morts les plus anciens se trouvent donc en bas de la liste. Pour faciliter d'éventuelles recherches, vous trouverez sous la rubrique "INDEX" une liste alphabétique, avec un lien vers chaque article.

mardi 31 janvier 2017

Auguste GIRBAL (1892-1918)


GIRBAL
Auguste Etienne Théodore
Lieutenant
55ème régiment d’infanterie
Classe 1912
Recrutement : Marseille
Mort pour la France le 6 mars 1918
à Compiègne (Oise)
Chute d’aviation en service
Né le 12 janvier 1892
au Vigan (Gard)


Triste la mort du fils Girbal.
(Jean à sa mère – 19 mars 1918)










Auguste Girbal (1892-1918) était le fils de Jules Girbal (1864-1923), pasteur à Marseille, et de Jeanne Laurens (1864- ?).
Il a été blessé et cité plusieurs fois.

HF (11/11/2018)

Source pour le prénom usuel, les informations familiales et militaires : A l’heure où les balles ne sifflent pas (tome 2 de la correspondance du pasteur Nick et de sa femme Hélène), note page 127.

lundi 30 janvier 2017

Jean FONTAINE-VIVE (1895-1917)


FONTAINE-VIVE
Jean Emmanuel Joseph
Sous-lieutenant
215ème régiment d’infanterie
Classe 1915
Recrutement : Lyon Central
Mort pour la France le 2 août 1917
au Chemin des Dames (Aisne)
Tué à l’ennemi
Né le 5 janvier 1895
à Annecy (Haute-Savoie)



Hier soir j’ai revu longuement [Frank] Suan. Il m’a donné de quoi lire, en particulier les vers d’un de nos amis communs, Fontaine-Vive de Lyon qui a été tué cet automne et qui est un des saints de la guerre. C’est lui qui montait à l’assaut avec ses poilus Cévenols en chantant des psaumes.
(Jean à sa mère – 6 mars 1918)

[Frank] Suan m’a fait lire un petit livre de vers et je suis tout pénétré de cette lecture ces jours-ci. C’est de Fontaine-Vive, un étudiant du groupe de Lyon, d’origine catholique que j’avais connu à Domino, et qui a été tué il y a quelques mois. Je le connaissais au point qu’il m’avait annoncé ses fiançailles avant qu’elles soient officielles, et c’est ce livre pourtant qui me l’a révélé. Il y a là dedans une flamme extraordinaire. On peut être fier d’appartenir à la Fédération qui crée des personnalités pareilles.
(Jean à sa mère – 8 mars 1918)

J’ai trouvé là [c’est-à-dire à Lyon, où Jean faisait étape lors d’un retour de permission] Mlle Marion, la fiancée de [Pierre] Lestringant, Mlle Stahl qui porte le deuil de son fiancé [Jean] Fontaine-Vive ; cette dernière est volontaire [membre du mouvement des Volontaires du Christ] depuis quelques jours. Je ne te parle pas de l’accueil chez les Zinck qui est toujours extrêmement familial.
(Jean à sa mère – 13 mai 1918)




Source : Le Salut Public du 13 août 1917
Jean Fontaine-Vive était le fils d’Eugène Fontaine-Vive et Rose Ida Crochat.

Né à Annecy en 1895, il y avait commencé au lycée Berthollet ses études secondaires. Sa famille s’était installée à Lyon pendant son adolescence, sans doute parce que son père y avait été nommé commis principal des téléphones.
Lycée Ampère à Lyon, puis études de lettres (il avait obtenu sa licence d’histoire en 1913) et de droit. Il avait été lauréat d’un concours de poésie organisé par l’Académie de Savoie.
Les lettres de Jean donnent quelques informations supplémentaires : il appartenait à une famille catholique, mais devait dès avant-guerre avoir suffisamment été impliqué dans la vie associative chrétienne pour avoir rencontré Jean dans les camps organisés à Domino (île d’Oléron) par la Fédé (fédération des associations chrétiennes d’étudiants). Il était fiancé à Olga Stahl (Jean ne mentionne pas son prénom, mais il figure dans le faire-part de décès). 

Jean semble avoir apprécié les sentiments exprimés par Fontaine-Vive dans son recueil de poèmes, publié en 1918 et dont on trouve en ligne quelques morceaux choisis :

La colline est sans fleurs et les bois sans verdure.
Tout ce qui vit, tout ce qui rit, tout ce qui dure
Semble à jamais banni du fier pays lorrain.
Et mon âme, alanguie en cette heure si rare,
Ecoute au loin la voix profonde de l'airain
Qui tonne sans arrêt vers ton antre, ô Mort-Mare.
ou :
Les ciseleurs de bagues d'aluminium.
Penché sur le burin comme un antique orfèvre,
Longtemps il médita la forme et l'ornement. [...]
L'anneau léger s'incurve, acanthe, coeur ou lierre ;
Mais le canon s'éveille et hurle à pleine voix.
Et lui, semeur de rêve en la brutale histoire,
Reprenant l'anneau clair entre ses rudes doigts.
Cisèle un peu d'amour dans un lambeau de gloire.

Redoute des Braves, Bois de H. ; septembre 1915.


Source : Archives départementales du Rhône
Fiche matricule de Jean Fontaine-Vive
Pourtant, d’après un article de Nicolas Beaupré, Barbarie(s) en représentations : le cas français (1914-1918), paru dans la revue numérique Histoire@politique, Jean Fontaine-Vive « faisait partie des “corps-francs”, groupes de combattants spécialisés dans les coups de main les plus brutaux et les “nettoyages de tranchées”, réputés pour être particulièrement transgressifs des lois de la guerre. » L’article cite le protestant pacifiste Gaston Riou qui, préfaçant les poèmes posthumes de Fontaine-Vive, écrit comme pour le dédouaner de ces soupçons : « L’atroce guerre, où nous a jeté l’ambition germanique, n’aura point fait de nous des barbares : chaque soldat peut en témoigner. »
Quoiqu’il en soit, la fiche matricule de Jean Fontaine-Vive évoque plusieurs citations gagnées pour des actions d’éclats en tant que chef d’un groupe de patrouilleurs.

A Jean Fontaine-Vive les mots de conclusion : « Tout est prêt ; mes hommes résolus, sans verbiage... si je dois mourir, douce aura été ma vie, puisque j’aurai été aimé, et que j’ai aimé plus que nul au monde. Au revoir, et, si Dieu le veut, adieu ma bien-aimée. Je tomberai sans crainte pour la France, ouvrière du Dieu de justice et d’amour. Je vous aime, je vous ai toujours aimés. Vive la France ! »

HF (10/11/2018)

Source pour les informations familiales : faire-part de décès publié dans le journal lyonnais Le Salut public du 13 août 1917, et article publié dans le même journal le 22 mars 1920 à l’occasion d’une réédition des poèmes.

Source pour le cursus lycéen et universitaire et pour les texte de poèmes : Revue savoisienne : journal publié par l'Association florimontane d'Annecyn : histoire, sciences, arts, industrie, littérature, n° du 12 janvier 1916, mis en ligne par Gallica.

Source pour l’article de Nicolas Beaupré : Histoire@politique.

Source pour les informations militaires : archives départementales du Rhône en ligne, fiche matricule de Jean Fontaine-Vive (fiche 2648, vue 327/1216).


dimanche 29 janvier 2017

Hervé de PARSCAU du PLESSIX (1892-1917)


DE PARSCAU DU PLESSIS
Hervé, François, Marie, Joseph
Lieutenant
132ème régiment d’infanterie
Classe : 1912
Recrutement : Saint-Brieuc
Mort pour la France le 17 mai 1917
à Ostel Aisne
Tué à l’ennemi
Né le 2 mars 1892
à Ploujean (Finistère)

  

Nous avons encore perdu ces derniers jours un des plus chics types du régiment, de Parscau, qui commandait une compagnie, tout jeune et tout sympathique. Et puis, même dans le régiment, on se sent perdu, dépaysé ; tout semble changé ; l’esprit, la valeur. Il y a des types qu’on ne remplace pas. C’est vrai que la guerre est une sélection à rebours, les meilleurs s’en vont. Et ce n’est pas parce qu’ils s’en vont qu’on dit que ce sont les meilleurs, c’est parce qu’ils sont les meilleurs qu’ils sont fauchés.
(Jean à sa mère - 20 mai 1917) 


 
            Hervé de Parscau du Plessix était le fils de Philippe de Parscau du Plessix (1863-1938) et de Bénédicte Dulong de Rosnay (1870-1913). Il était marin.
            Sa fiche matricule indique qu’il s’était engagé volontaire pour trois ans, le 4 octobre 1911. Il a donc combattu avec son régiment – il était alors au 70ème R.I. – dès les débuts de la guerre.
            Le 17 avril 1915, Hervé de Parscau, qui était alors sergent, a été versé au 132ème régiment d'infanterie. Blessé à deux reprises, titulaire de la Croix de guerre, il a été promu lieutenant à titre temporaire le 3 mai 1917.
             Sa fiche MPF indique qu’il est mort le 17 mai, l’inscription portée sur le JMO du 132ème RI laisse penser que l’attaque où il a perdu la vie a eu lieu dans la nuit au 16 au 17. 
JMO du 132ème RI - 16 et 17 mai 1917

Sur son site généalogique, Jacques Croizat-Viallet donne des précisions sur la vie et la mort d’Hervé de Parscau : dès ses 16 ans, il avait embarqué sur un navire faisant une campagne en Islande et à Terre Neuve.  
En 1912, il s'engage au 72ème régiment d'infanterie et devient sergent. Dès le début de la guerre, il participe avec son régiment à différentes opérations. Blessé à deux reprises, il se distingue par sa vaillance et il est promu sous-lieutenant, et on lui attribue la Croix de guerre.
En 1917, au sein du 132ème régiment d'infanterie, il participe en première ligne à l'offensive du Chemin des Dames. Il y est tué le 17 mai 1917, d'une balle dans la bouche, en défendant, à la tête de ses hommes, un poste qu'il avait mission de garder.
    
HF (24/01/2017)
 
Source pour les informations militaires : archives départementales des Côtes du Nord, fiche matricule d’Hervé de Parscau du Plessix 
 

 
 

Paul OUVIER (1889-1917)


OUVIER
Pierre Paul
2ème classe
34ème colonial
Classe : 1909
Recrutement : Avignon
Mort pour la France le 16 mai 1917
à Monastir (Serbie)
Disparu
Né le 26 mars 1889
à Venasque (Vaucluse)
 916)sa mère - 19/

Hier je t’ai quitté pour prendre le départ des permissionnaires. Mon ordonnance [Ouvier] partait ; son tour a été avancé, sa sœur étant très malade 24 heures avant son départ il choisit un remplaçant et il lui « passe les consignes ». C’est assez amusant.
(Jean à sa mère – 22 juin 1916) 



Mon ordonnance m’écrit qu’en arrivant chez lui, il a appris outre la mort de sa sœur, celle d’un frère et d’un beau-frère.
(Jean à sa mère – 3 juillet 1916)
 
           C’est donc par la mort de son frère qu’on en apprend plus sur l’ordonnance de Jean et sur sa famille.

Paul OUVIER (1885-1917) 

            Un relevé du monument aux morts de Venasque, trouvé en ligne sur Mémorial GenWeb, indique que le prénom usuel de « Pierre Paul Ouvier » était Paul.
            Paul Ouvier était le fils de Pierre Joseph Ouvier, cultivateur, âgé de 37 ans et de son épouse Marie Appolonie Verger, sans profession, âgée de 30 ans. Paul Ouvier, comme son père, était cultivateur. Sa fiche matricule ne mentionne pas de mariage.
            En 1911, il avait été exempté « pour faiblesse générale et définitive ». Mais en décembre 1914, le conseil de révision l’avait déclaré « bon pour le service armé » et affecté au 4ème régiment d’infanterie coloniale.  
            Sa fiche matricule n’apporte aucune information complémentaire à celles figurant sur sa fiche de « Mort pour la France » : il a disparu le 26 mars 1916 à Monastir, en Serbie, et a été déclaré mort le même jour. 
 

X, beau-frère de Paul et Léon Ouvier (?-1917)

Rappel de la lettre de Jean « Mon ordonnance m’écrit qu’en arrivant chez lui, il a appris outre la mort de sa sœur, celle d’un frère et d’un beau-frère. ».
A ce jour, sauf à mener une enquête à Venasque où, nous apprend internet, demeurent encore plusieurs Ouvier, aucune piste pour connaître l’identité de ce beau-frère.
  

Léon Ouvier, 58ème, 106ème puis 132ème R.I. (1885- ?)
  
Léon Ouvier a été l’ordonnance de Jean de mars 1916 jusqu’à la fin de la guerre. Son prénom n’est jamais mentionné (c’est d’ailleurs le cas pour quasiment tous les autres camarades dont parle Jean), l’usage était d’utiliser le patronyme.
Jean écrit simplement, dans ses mémoires : « Je prends comme ordonnance un paysan du Vaucluse, Ouvier, un ancien « écusson jaune » un petit méridional maigre avec une figure de vieille femme et un accent bien tassé. Il sera pour moi jusqu’à la démobilisation le dévouement personnifié. » 
            C’est donc uniquement « grâce » à la mort de son frère qu’on en apprend plus sur Léon Ouvier. La fiche MPF de Paul Ouvier nous indique en effet qu’il est né à Venasque, or les archives du Vaucluse sont en ligne et la table décennale nous apprend que quatre garçons Ouvier sont nés à Venasque entre 1882 et 1893. L’un est Paul Ouvier, le disparu de Monastir. Deux autres sont ses frères.

Le plus âgé, né le 15 mars 1885, est l’ordonnance de Jean. Il se prénomme Pierre Léon, on peut supposer que, comme pour son jeune frère, le deuxième prénom était son prénom usuel. Il est effectivement petit (1,56 m). Et surtout, comme le dit Jean dans la lettre du 19 mars 1916 où il annonce à sa mère qu’il a une nouvelle ordonnance, il est, comme Jean, passé par le 58ème R.I. avant d’arriver au 132.
           Léon Ouvier a été blessé trois fois (en septembre 14, novembre 14 et le 27 mars 1915, donc quelques jours après Jean.
Jean le mentionne à plusieurs reprises dans sa correspondance. Il fait partie du petit monde familier de la « popote » des officiers du 2ème bataillon. Il soigne Jean « avec tendresse » quand il est alité en janvier 17.
Léon Ouvier a reçu la croix de guerre en août 1917. Curieusement, Jean n’en parle pas dans sa correspondance. Peut-être Ouvier était-il resté au régiment pendant les quelques mois où Jean a été détaché à l’infanterie divisionnaire.
 Fin octobre 1918, Jean écrit à sa mère qu’Ouvier est évacué pour cause de grippe espagnole, ce que l’on retrouve sur sa fiche matricule, qui mentionne aussi son retour le 12 décembre. Mais il sera ensuite évacué définitivement en février 1919. 


HF (21/01/2017) 

Source : archives départementales du Vaucluse en ligne
 

Henri CAFFAREL (1896-1917)


CAFFAREL
Marie Louis Alexandre Henri
Soldat 2ème classe
83ème régiment d’infanterie
Classe : 1916
Recrutement : Montpellier
Mort pour la France le 25 avril 1917
à l’hôpital n° 1 Troyes (Aube)
Décédé blessures de guerre
Né le 26 janvier 1896
à Cette (Hérault)
 

Les Caffarel Louis ont perdu leur second fils.
(Mathilde à Jean – 29 avril 1917)
 
 
 
 
 

 
  
            Henri Caffarel était le fils de Louis Caffarel (1861- ?), agent de navigation, et de Philippine Frédérique Vivarès (1865- ?). Ils avaient huit enfants. Mathilde écrit qu’Henri était leur second fils, mais il semble avoir été le troisième (le deuxième étant sans doute mort en bas âge). 

HF (21/01/2017) 

Source pour les informations généalogiques : Généanet, arbre en ligne de Jacques Ziegler. 

samedi 28 janvier 2017

Maurice Paul Louis HAZIN (1892-1917)


HAZIN
Maurice Paul Louis
Sous-lieutenant
132ème régiment d’infanterie
Classe : 1912
Recrutement : Reims
Mort pour la France le 17 avril 1917
à Braye-en-Laonnois (Aisne)
Tué à l’ennemi
Né le 9 juin 1892
à Livry-sur-Vesle (Marne)
 
 
 
 
 
 






 
 
 
 
Les morts du 16 avril 1917,
premier jour de l’offensive du Chemin des Dames
(Lettre de Jean Médard à sa mère – 22 avril 1917)
 
Cette première attaque, journée du 16, a été très dure. Au 2ème Baton elle ns a couté en tués, outre le commandant, le capitaine Candillon (5ème), St Lieut Gonin (6ème tu le connaissais – le petit aspirant qui avait pris le thé avec ns et Getaz à Chartèves) Lieut. Jesson (7ème), S/Lieut Mellinette et Baillot (Cie de Mitrailleurs). Tu connaissais aussi ce dernier, tu trouvais qu’il ressemblait à un officier de marine. En blessés : capitaine adjudant major Dufour, S/Lt Millière, S/Lt Bouchez, [Roger de] La Morinerie. Le Commandant [Rivals] était en tête de combat, il a eu une mort magnifique. Le colonel [Théron] aussi était presque en tête sur le petit groupe qui l’entourait peu sont revenus indemnes. Lui, notre brave colonel blessé à la cuisse, son capitaine adjoint [Gabet] la figure traversée d’une balle, Soula, off. du canon de 37 tué, etc., etc.
 
Source : JMO du 132ème R.I.
- Soulignés en noir par l'auteur du blog : les tués du 16 avril 1917.
- Soulignés en blanc par l'auteur du blog : les blessés du 16 avril 1917.
- Soulignés en gris : les tués du 17 avril 1917.
            Jean ne nomme pas dans sa lettre les morts du 3ème bataillon, dont il était forcément moins proche : Marceau et Morin, tués le 16 avril, Robein et Hazin, tués le 17. Ils sont les « etc. etc. » qui clôturent sa triste énumération. Il est vrai aussi que ce jour-là, le 2ème bataillon, qui attaquait en tête, a payé le plus lourd tribut, du moins en ce qui concerne les pertes en officiers : sur 15 officiers, 6 sont tués et 4 blessés.
N.B. : Les décomptes des pertes ne sont pas faits par bataillon, mais pour le régiment. Cependant les pertes en officiers étant nominatives, et leur répartition dans chaque bataillon étant connue grâce à l’ordre de bataille ci-dessus, il est facile de faire les calculs à l’échelon du bataillon.
 
HF (25/01/2017)
 
 

 
Maurice Paul Louis Hazin était le fils de Jean Pol Emile Hazin, instituteur, âgé de 27 ans et de Marie Charlotte Picot, âgée de 23 ans.
 
JMO du 132ème R.I. -  17 avril 1917
Les registres matricules de la Marne pour 1912 ne sont malheureusement pas en ligne. Le sous-lieutenant Hazin appartenait au 3ème bataillon, le bataillon Jules, dont l’action dans la journée du 17 avril est précisée dans le JMO du 132ème R.I.

HF (25/01/2017)
 
Source pour les informations d’état-civil : archives départementales de la Marne, acte de naissance de Maurice Paul Louis Hazin (vue 2/6).
  
 

 

Paul ROBEIN (1884-1917)


ROBEIN
Paul Antoine Charles
Sous-lieutenant
132ème régiment d’infanterie
Classe : 1904
Recrutement : Marseille
Mort pour la France le 16* avril 1917
à Braye-en-Laonnois (Aisne)
Tué à l’ennemi
Né le 21 octobre 1884
à Marseille (Bouches-du-Rhône) 

* Sa fiche MPF indique le 16 avril, mais le JMO note son décès le 17 avril. Sans doute est-il mort dans la nuit.
 
 
 
 

 

 
Les morts du 16 avril 1917,
premier jour de l’offensive du Chemin des Dames
(Lettre de Jean Médard à sa mère – 22 avril 1917)
 
Cette première attaque, journée du 16, a été très dure. Au 2ème Baton elle ns a couté en tués, outre le commandant, le capitaine Candillon (5ème), St Lieut Gonin (6ème tu le connaissais – le petit aspirant qui avait pris le thé avec ns et Getaz à Chartèves) Lieut. Jesson (7ème), S/Lieut Mellinette et Baillot (Cie de Mitrailleurs). Tu connaissais aussi ce dernier, tu trouvais qu’il ressemblait à un officier de marine. En blessés : capitaine adjudant major Dufour, S/Lt Millière, S/Lt Bouchez, [Roger de] La Morinerie. Le Commandant [Rivals] était en tête de combat, il a eu une mort magnifique. Le colonel [Théron] aussi était presque en tête sur le petit groupe qui l’entourait peu sont revenus indemnes. Lui, notre brave colonel blessé à la cuisse, son capitaine adjoint [Gabet] la figure traversée d’une balle, Soula, off. du canon de 37 tué, etc., etc.
Source : JMO du 132ème R.I.
- Soulignés en noir par l'auteur du blog : les tués du 16 avril 1917.
- Soulignés en blanc par l'auteur du blog : les blessés du 16 avril 1917.
- Soulignés en gris : les tués du 17 avril 1917.
             Jean ne nomme pas dans sa lettre les morts du 3ème bataillon, dont il était forcément moins proche : Marceau et Morin, tués le 16 avril, Robein et Hazin, tués le 17. Ils sont les « etc. etc. » qui clôturent sa triste énumération. Il est vrai aussi que ce jour-là, le 2ème bataillon, qui attaquait en tête, a payé le plus lourd tribut, du moins en ce qui concerne les pertes en officiers : sur 15 officiers, 6 sont tués et 4 blessés.
N.B. : Les décomptes des pertes ne sont pas faits par bataillon, mais pour le régiment. Cependant les pertes en officiers étant nominatives, et leur répartition dans chaque bataillon étant connue grâce à l’ordre de bataille ci-dessus, il est facile de faire les calculs à l’échelon du bataillon.
 
HF (25/01/2017)
 
 

  
            Paul Robein était le fils d’Auguste Félix Robein, négociant, âgé de 34 ans et de Anne Marie Cécile Fortunée Mazan, âgée de 24 ans.
 

En 1903, Paul Robein avait été engagé volontaire. Il était alors cavalier de 2e classe. Il a plusieurs fois changé de corps et de grade avant son passage dans la réserve en 1909.
            Rappelé au moment de la mobilisation générale, il a de nouveau occupé des fonctions différentes dans plusieurs unités. Promu sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, il était arrivé au 132ème R.I. le 8 août 1916.
            Il a été cité à deux reprises, et était titulaire de la Croix de guerre.
  
HF (25/01/2017)
 
Source pour les informations familiales et militaires : archives de l’état-civil en ligne de Marseille.
Source pour le prénom usuel : Mémorial GenWeb, relevé du monument aux morts de Château-Gombert, à Marseille.
 
 

vendredi 27 janvier 2017

Antoine RIVALS (1875-1917)

RIVALS
Antoine, Séverin, Marius
Chef de bataillon
132ème régiment d’infanterie
Classe : 1895
Recrutement : Privas
Mort pour la France le 16 avril 1917
au champ de bataille de l’Aisne, ferme de Metz
Tué à l’ennemi
Né le 1er août 1875
à Tournon (Ardèche)


 

C’est là [à Chartèves, en juillet 1916] que nous rejoint notre nouveau chef de bataillon, le commandant Rivals, un homme vif, amusant, intelligent et droit.
(Jean Médard – Mémoires) 

Figure-toi que le capitaine Rivals mon chef de bataillon, avec qui je prends tous mes repas, est le neveu authentique de Jean et Henri Monnier [professeurs de Jean à la faculté de théologie de Paris], il a épousé la fille d’une de leurs sœurs. Ça m’a amusé de nous trouver ainsi en pays de connaissance.
(Jean à sa mère – 27 juillet 1916)

Dans la journée nous nous approchons des lignes. Tandis que je marche à côté du commandant Rivals un obus vient se ficher à terre à quelques mètres de nous sans éclater : « Il a rudement bien fait ! » se borne à déclarer le commandant.
(Jean Médard – Mémoires, automne 1916, front de Somme) 

Le commandant [Rivals] préside toujours notre petit cercle avec entrain, bonté, simplicité. Le bataillon est très « famille » et très recherché à cause de cela par les officiers nouveaux venus. […] Nous avons un très chic colonel [Théron] aussi.
(Jean à sa mère – 26 novembre 1916) 

          Le soir ns étions tous réunis autour du commandant Rivals, pour un de ces gueuletons monstres dont le 2ème bataillon a le secret. Ce fut très gai et très bruyant.
(Jean à sa mère – 25 janvier 1917)

Je suis parti samedi soir avec le commandant [Rivals]. Itinéraire très court, mais voyage très long. Couché à l’hôtel. [Récit de sa journée à Paris avec ses amis de la Fédé ou de la faculté de théologie.]
Retour avec le commandant [Rivals] que j’ai retrouvé à la gare et qui m’a présenté sa femme. Voilà le canevas de la journée.
(Jean à sa mère – 12 février 1917)

            Après déjeuner j’ai fait une partie de cartes avec le commandant [Rivals], ça ne m’était pas arrivé depuis la Somme.
(Jean à sa mère – 6 mars 1917) 

Nous sommes bien installés. Le commandant [Rivals] qui est venu nous voir hier a été ravi de mon installation. Je deviens prêteur de livres. Il m’a emprunté un Rudyard Kipling.
(Jean à sa mère – 29 mars 1917)

Un jour, avec le commandant Rivals, je vais examiner depuis un bon observatoire notre secteur d’attaque. Le commandant fait la grimace. Nous devons attaquer depuis la vallée jusqu’au Chemin des Dames entre Soupir et le canal de l’Oise à l’Aisne, en liaison avec le 20ème corps à notre droite, de l’autre côté du canal. Malheureusement le secteur du 132ème est un fond de cuvette et les positions allemandes nous dominent de toutes parts.
(Jean Médard – Mémoires, avril 1917, juste avant le Chemin des Dames) 

Les nouvelles sont consternantes : notre progression a été rapidement stoppée et nos pertes sont lourdes. Au 2ème bataillon notre cher commandant Rivals a été tué, ainsi que le capitaine Candillon et bien d’autres.
(Jean Médard – Mémoires, avril 1917, Chemin des Dames)
JMO du 132ème R.I. - 16 avril 1917

            Nous sommes en plein travail. La première partie a été dure. Le Commandant Rivals et le Capitaine Candillon ont été tués, le colonel [Théron] blessé. Inutile de te dire la peine que ça nous fait.
(Jean à sa mère – 17 avril 1917)

        Nous voilà de nouveau au repos pour peu de jours, après une semaine de combats. Le régiment a été vraiment admirable. Il a fait quelque chose, cette fois. Je te raconterai tout ça. Malheureusement les vides sont grands… notre cher commandant [Rivals] surtout. Aujourd’hui, ds un hôpital voisin ns sommes allé voir à cheval les officiers blessés : le colonel [Théron] toujours serein, [Roger de] La Morinerie blessé de 4 balles, etc., etc.
(Jean à sa mère – 20 avril 1917) 

Mme Rivals a su la mort de son mari par Combemale qui est toujours à l’hôpital et qu’elle venait voir régulièrement.
(Jean à sa mère – 28 avril 1917) 

            Madame Monnier m’a envoyé des photos du Cdt Rivals pour les donner aux officiers qui l’ont connu et aimé.
(Jean à sa mère – 29 juillet 1917)

  
Les morts du 16 avril 1917,
premier jour de l’offensive du Chemin des Dames
(Lettre de Jean Médard à sa mère – 22 avril 1917) 

Cette première attaque, journée du 16, a été très dure. Au 2ème Baton elle ns a couté en tués, outre le commandant, le capitaine Candillon (5ème), St Lieut Gonin (6ème tu le connaissais – le petit aspirant qui avait pris le thé avec ns et Getaz à Chartèves) Lieut. Jesson (7ème), S/Lieut Mellinette et Baillot (Cie de Mitrailleurs). Tu connaissais aussi ce dernier, tu trouvais qu’il ressemblait à un officier de marine. En blessés : capitaine adjudant major Dufour, S/Lt Millière, S/Lt Bouchez, [Roger de] La Morinerie. Le Commandant [Rivals] était en tête de combat, il a eu une mort magnifique. Le colonel [Théron] aussi était presque en tête sur le petit groupe qui l’entourait peu sont revenus indemnes. Lui, notre brave colonel blessé à la cuisse, son capitaine adjoint [Gabet] la figure traversée d’une balle, Soula, off. du canon de 37 tué, etc., etc.
Source : JMO du 132ème R.I.
- Soulignés en noir par l'auteur du blog : les tués du 16 avril 1917.
- Soulignés en blanc par l'auteur du blog : les blessés du 16 avril 1917.
- Soulignés en gris : les tués du 17 avril 1917.
  Les plus grosses pertes en officiers sont dans le 2ème bataillon, où, sur 15 officiers, 6 sont tués et 4 blessés
(N.B. : Les décomptes des pertes ne sont pas faits par bataillon, mais pour le régiment. Cependant les pertes
en officiers étant nominatives, et leur répartition dans chaque bataillon étant connue grâce à l’ordre de bataille
ci-dessus, il est facile de faire les calculs à l’échelon du bataillon.)

  
JMO du 132ème R.I. - 16 avril 1917



Antoine RIVALS (1875-1917)
René CANDILLON (1886-1917) 
Lucien SOULA (1874-1917) 
Marcel Emmanuel MARCEAU (1890-1917) 
Georges Etienne Soter BAILLOT (1892-1917) 
Gaston MELLINETTE (1892-1917) 
Claude GONIN (1896-1917) 
Marcel Adrien MORIN (1886-1917) 
Emile JESSON (1892-1917) 
 
 

  
Antoine Rivals était le fils de Jean Marius François Rivals, employé de commerce, âgé de 29 ans, et de Marie Clémentine Boussy, lingère, âgée de 25 ans. Au moment où sa fiche matricule a été rédigée, sa mère était décédée.
 

Antoine Rivals et son épouse Germaine Chapon
Photo communiquée par Bruno Rivals, petit-neveu du commandant Rivals.
            Plusieurs courriers de Jean attestent qu'Antoine Rivals était marié. Et en particulier la lettre du 27 juillet 1917 : « Figure-toi que le capitaine Rivals, mon chef de bataillon, avec qui je prends tous mes repas, est le neveu authentique de Jean et Henri Monnier, il a épousé la fille d’une de leurs sœurs. Ça m’a amusé de nous trouver ainsi en pays de connaissance ».
            On trouve en ligne sur le site de la Société genevoise de généalogie trois sœurs de Jean et Henri Monnier (tous deux professeurs de Jean à la faculté de théologie de Paris, dont Henri Monnier était par ailleurs le doyen). Pendant longtemps, aucun indice n'avait permis de savoir de laquelle des trois sœurs  Monnier madame Rivals était la fille.
             En août 2017, Bruno Rivals, petit-neveu du commandant apporte de précieuses informations à ce sujet : l'épouse de son grand-oncle s'appelait Germaine Chapon. Cet indice permet de savoir que madame Rivals était donc la fille de Sophie Monnier (1859-1922), la deuxième sœur des frères Monnier. Les informations de Bruno Rivals donnent en outre des précisions sur l'époux de Sophie Monnier, Henri Chapon : officier à Aubenas, il avait été le supérieur d'Antoine Rivals lors de sa sortie de Saint-Cyr. Par ailleurs, il était, comme Rivals, Ardéchois.
           Antoine Rivals et Germaine Chapon se sont mariés en 1900. Ils ont eu un fils, engagé volontaire vers la fin de la guerre, donc probablement né vers 1901, dont la famille de Bruno Rivals a perdu la trace.
            Les Rivals résidaient certainement à Paris ou en région parisienne, puisque d’une part, Jean rencontre le commandant et madame Rivals à la gare le 11 février 1917 à l’issue d’une permission d’un jour ; et d’autre part, il mentionne qu’elle visite régulièrement Combemale, qui était hospitalisé à Paris.
            Antoine Rivals, Saint-Cyrien, avait été officier d’active. Il était arrivé au 132ème R.I. le 15 juillet 1916, et avait le 2 août été promu chef de bataillon. Jean l’a côtoyé de près jusqu’à sa mort le 16 avril.
          La légende "Les tombes des Cdt Rivals et Cne Candillon", écrite de la main de Jean au verso de la photo ci-dessus, qui fait partie des archives personnelles de Jean Médard, peut être trompeuse. La tombe de gauche est bien celle du capitaine Candillon, mais à droite, il s'agit de celle du lieutenant Gonin. Il faut préciser que sur le tirage papier en ma possession, très pâli par l’âge, les inscriptions sont quasiment invisibles à l’œil nu, seul le traitement numérique permet d’en améliorer la lisibilité.

           Par contre, la photo ci-dessous, publiée dans Pages 14-18, malheureusement sans sa source, est d’une bien meilleure qualité. On distingue nettement les inscriptions des tombes du premier plan, celles de René Candillon et de Claude Gonin. Et pour peu que l’on sache à l’avance son grade et son nom, on peut deviner que la tombe du commandant Rivals est au fond à gauche. 
 
HF (31/01/2017 et 06/08/2017)
 
Source pour les informations la femme et le fils d'Antoine Rivals : Bruno Rivals, petit-neveu du commandant, que je remercie vivement d'avoir pris contact avec moi.
 
Source pour le prénom usuel : monument aux morts de Tournon.

Source pour les informations militaires : archives départementales de l’Ardèche, fiche matricule d'Antoine Rivals.
 



[1] - Marguerite Monnier (1857-1936) épouse en 1881 Henri Kuntzel (1851-?)
- Sophie Monnier (1859-1922) épouse en 1879 Henri Chapon (1855-?)
- Madeleine Monnier (1862-1935) épouse en 1885 Jean Risler (1856-?)