Condensé d’un
texte écrit par Gilles Morlock* .
Maurice Warnery naît le 22 janvier 1894 à
Montpellier de Charles Warnery, négociant en vin à Sète et de Marthe
Leenhardt. Maurice est le cinquième d’une fratrie de huit enfants nés entre
1886 et 1903. La famille demeure 27 cours Gambetta à Montpellier.
Il passe son
baccalauréat en juillet 1911 et s’inscrit à la faculté de médecine de
Montpellier. Il fait partie de l’Association des Étudiants Chrétiens.
Maurice obtient une licence ès-sciences, est nommé
externe des hôpitaux de Montpellier au concours de 1913, et devient membre de
la Société des Sciences Médicales et Biologiques de Montpellier en 1914. Les
2 et 4 juillet 1914, il passe avec succès les épreuves de l’examen d’anatomie
générale. Ce premier examen de médecine sera le dernier.
|
Maurice Warnery en novembre 1916
(Collection Jérôme Warnery) |
En effet, la guerre vient interrompre ce parcours si
prometteur. Il est incorporé le 1er septembre 1914 comme soldat de
2ème classe, au service combattant de la 16ème section
d’infirmiers militaires à Perpignan. Nommé médecin auxiliaire le 21 mai 1915,
il passe le 17 juin 1915 au 4ème bataillon du 3ème régiment
de tirailleurs algériens, dont il va partager tous les dangers.
Soutenu par une foi religieuse profonde, Maurice va
participer à la deuxième bataille de Champagne, dans les très durs combats de
l’attaque du 25 septembre 1915 en direction du bois Raquette et de l’épine de
Védégrange.
Il écrit sur son carnet de route, le 25 septembre
1915 : « 8 heures du matin. – Dans une
heure il faut sortir : les marmites tapent dur et mes pensées s’envolent très
calmes vers la maison paternelle où nous avons déjà connu tant de joies et
vers Dieu à qui je demande de me donner le courage de faire tout mon devoir.
» Le lendemain, il écrit : « Je reprends ma plume pour remercier
Dieu, d’abord de m’avoir protégé, car j’ai chargé avec mon bataillon ; et
malheureusement il a été touché […] J’ai vécu les heures les plus belles,
mais peut-être les plus tragiques et les plus angoissantes de ma vie.» C’est dans ces circonstances très risquées,
son régiment essuyant de lourdes pertes, que Maurice Warnery obtient sa
première citation.
En février 1916, le régiment rejoint la région de
Verdun où Maurice Warnery est blessé et obtient sa deuxième citation « […] le médecin auxiliaire Warnery blessé
à la jambe par un éclat d’obus, s’est fait panser et a énergiquement refusé
la fiche d’évacuation que lui délivrait le médecin-chef, déclarant que la
situation s’opposait à toute diminution du personnel médical. A continué à
donner ses soins aux blessés sous un feu violent […] »
C’est au cours d’un quatrième séjour à Verdun que
s’achève la vie trop brève de Maurice Warnery. Le 14 novembre, il est à
nouveau blessé par un éclat d’obus, cette fois-ci mortellement. Conduit à
l’ambulance 12/20 du centre hospitalier de Fontaine Routon, à Souhesmes
(Meuse), il reçoit le jour même la croix de guerre avec
palme et la médaille militaire en même temps que sa quatrième citation à l’ordre
de l’armée.
Maurice Warnery
meurt des suites de ses blessures le 15 novembre 1916, à l’âge de 22
ans, faisant l’admiration de ses camarades et de ses supérieurs, ce
qu’exprime le témoignage de son chef de corps : « Sa bravoure et son entrain dans les moments les plus critiques
étaient devenus légendaires dans le régiment. » Maurice Warnery est
inhumé initialement au cimetière militaire de
Souhesmes.
L'annonce de sa mort eut un retentissement important
à Montpellier, éprouvant les familles Warnery, Leenhardt et Castelnau, et
soulevant l'émotion de ses maîtres et condisciples de la faculté de médecine.
Il est transféré et inhumé au cimetière protestant de Montpellier en mai
1922.
Sa mémoire est honorée sur plusieurs monuments aux
morts (cimetière protestant de Montpellier, faculté de médecine de
Montpellier), dans le tableau d'honneur de L'Illustration, le livre d’or du lycée de Montpellier, le livre d’or
des médecins morts pour la patrie, la revue
Le Semeur et dans chacune
des éditions du Bulletin de la société
des sciences médicales et biologiques de Montpellier et du Languedoc
méditerranéen.
Remerciements : Marie-Claude Barjon-Giraud,
Eric Bosc, Jean-Luc Dron, Alain Dubois, Pierre Leccia, Cyril Leenhardt, Jean Palatan, Frédéric
Radet, Jean Riotte, Francine Sauter, Alain Sauvaget, Jérôme Warnery.
Gilles
Morlock
*
Gilles Morlock, ancien interne des hôpitaux de Montpellier, ancien chef de clinique
à la faculté, médecin honoraire des hôpitaux a rédigé les notices
biographiques d’hommage aux médecins et étudiants de la faculté de médecine
de Montpellier morts pour la France pendant la guerre de 1914-1918.
|