Hippolyte Alexandre
Capitaine Adjudant Major
255ème régiment
d’infanterie
Classe 1898
Recrutement de Nîmes
Mort pour la France le 15
décembre 1916
à Glorieux près Verdun
(Meuse)
Tué à l’ennemi
Né le 17 décembre 1878
à Marseille
(Bouches-du-Rhône)
J’ai été voir
[…] tante Anna [Benoît] que j’ai trouvée plus démoralisée et abattue qu’au moment
de la mort de son propre fils [Pierre Benoît, mort des suites de ses blessures
en octobre 1915]. J’ai tort de dire abattue car elle est au contraire très
excitée surtout contre tous les embusqués ; elle a la plus triste mine que
l’on puisse voir cela fait pitié […] Je
crains qu’elle soit sérieusement atteinte. Elle dit perdre un vrai fils, un
vrai soutien avec Alexandre [Egg] ! Elle parle beaucoup de sa vaste
intelligence qui donnait les plus grandes espérances. Les prières ardentes des
enfants non exaucées la laissent semble-t-il un peu révoltée. J’ai tort de dire
cela ; elle est surtout très excitée. J’irai cette après-midi avec mon
ouvrage car un refroidissement la retient au logis.
(Mathilde à son fils – 4
janvier 1917)
J’ai appris
chez elle que tante Anna attendait demain sa nièce Suzanne Egg et ses trois
enfants. Elle a tante Berthe. Je me demande comment elle s’arrangera pr loger
tout ce monde.
Pauvre
Suzanne, j’appréhende ce revoir.
(Mathilde à son fils – 12
janvier 1917)
J’ai déjeuné
et tante Anna qui a en séjour jusqu’à demain sa pauvre nièce Suzanne et ses
enfants. Cette dernière me parait bien courageuse, mais c’est un spectre, la
figure toute tournée par des contractions nerveuses fait peine à voir.
Elle
parle beaucoup avec volubilité et raconte ses regrets poignants. Elle a le
droit d’en avoir. Alex [Alexandre Egg] était encore mal remis, toussant tjours,
vrai candidat à la tuberculose, il aurait dû être réformé, ou versé dans
l’auxiliaire et ils ont été envoyés lui et ses camarades à la boucherie par un
commandant incapable, ignorant de son métier. Devant eux 200 mètres de fers
barbelés non encore atteints par l’artillerie et une mitrailleuse qui n’avait
pu être repérée et qui fauchait les rangs l’un après l’autre. Il savait où il
allait. Du reste il parait que l’Illustration raconte cet épisode navrant et
j’aime mieux ne pas en parler beaucoup. Le commandant a été en disgrâce mais
cela ne fait pas revenir ceux qui ne sont plus. […]
Je suis
retournée voir Suzanne Egg. Pauvre femme à l’entendre son mari seul a connu
toutes les atrocités de la guerre et tante Anna parle dans ce sens. Les Éparges,
la Somme, rien n’est rien à côté de la défense de la cote 304 et moi je n’ai
rien dit mais je me suis sentie froissée dans mon cœur de maman fière de son
fils et pénétrée de ses souffrances et je suis rentrée le cœur tout gros. Mon
humeur s’en ressent je suis triste et je vais me coucher, pr oublier tout ce
qui me peine, si je le puis.
(Mathilde à son fils – 29
janvier 1917)
Il
ne faut pas t’énerver si S. [Suzanne] Egg ne voit péril et souffrances que là
où est passé son mari. C’est tellement humain et la pauvre femme est tellement
malheureuse qu’on peut bien lui pardonner ça.
(Jean à sa mère – 5 février
1917)
Alexandre Egg était le fils d’Henri Egg (1849-1919),
industriel au Vigan, et d’Henriette Fraissinet (1843-1878). (A noter qu’Henri
Egg, qui s’était remarié après la mort de sa femme, avait épousé Elisabeth
Arnaud, dont la mère, Félicie Benoît, était la tante paternelle de Mathilde,
et donc la tante par alliance d’Anna Benoît.)
Alexandre Egg avait épousé en 1903
Susanne Schwebel (1880-1964), une nièce d’Anna Benoît (la
mère de Suzanne Schwebel, Laure Bertrand, étant la sœur d’Anna).
Alexandre Egg était donc
doublement apparenté aux Benoît (par la femme de son père et par l’oncle de
sa femme).
Alexandre Egg et Suzanne Schwebel
avaient trois enfants : Henri (né en 1904), Jean (né en 1908), et Pierre
(né en 1912).
On trouve sur sa fiche du registre matricule du Gard les
mentions suivantes :
- 20 juin 1915 : blessé à la
poitrine par éclat d'obus au bois de la Gruerie : "a été blessé grièvement
en organisant la résistance de son secteur violemment bombardé par l'artillerie
lourde".
- Cité à l'ordre du Corps
d'Armée le 4 juillet 1915 : Officier remarquable "au front depuis le
début de la campagne, a fait preuve en toutes circonstances de belles qualités
d'énergie, de sang-froid et de bravoure. " Déjà cité à l'ordre, de nouveau
distingué par sa brillante conduite pendant l'attaque allemande du 29 mai,
commandant une compagnie avancée a reçu avec calme l'assaut de l'ennemi et grâce
à ses habiles dispositions, à son élan personnel et à la confiance qu'il a su
inspirer à ses hommes, est parvenu à refouler les forces adverses en leur
infligeant de lourdes pertes.
- "Officier d'une
bravoure exceptionnelle a été tué en entraînant sa compagnie à l'assaut et
jusqu'au dernier moment a donné à tous le plus bel exemple du sens du devoir,
de l'abnégation la plus complète, de volonté irréductible" (ordre général
de la 2ème Armée du 7 janvier 1917).
- Chevalier de la Légion
d'Honneur du 7 juillet 1916
- Croix de guerre avec étoile
de vermeil du 4 juillet 1915, avec palme le 3 juin 1916, et le 7 janvier 1917
HF
(30/07/2015, complété le 19/12/2016 avec les informations de la fiche matricule)
Source
pour les informations de la fiche matricule et le lien vers cette fiche : Généanet, arbre de Philippe
Bourelly.
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