A propos des "Pièces jointes"

Ces "Pièces jointes" sont un complément au blog 1914-1918 : une correspondance de guerre où sont publiées les lettres échangées pendant la Première guerre mondiale entre Jean Médard et les siens, en particulier avec sa mère, Mathilde. (Pour toutes les informations sur Jean Médard, se reporter au blog de base).

On trouvera ici un billet sur tous les amis ou camarades morts dont Jean évoque le souvenir. Pour chacun :
- sa fiche de "Mort pour la France" avec sa transcription (en bleu) ; toutes ces fiches proviennent du site Mémoire des hommes ;
- tous les textes de la correspondance et des mémoires de Jean Médard le concernant (en italiques) ;
- dans la mesure du possible, une notice biographique (dans un encadré).
Merci d'avance à tous ceux qui pourraient me communiquer des informations me permettant d'étoffer certaines notices, ou tout simplement me signaler leur parenté avec la personne à qui le billet est consacré. (Mon adresse est dans le blog de base, sous l'onglet A propos du blog.)

Les articles sont publiés dans l'ordre des décès, les morts les plus anciens se trouvent donc en bas de la liste. Pour faciliter d'éventuelles recherches, vous trouverez sous la rubrique "INDEX" une liste alphabétique, avec un lien vers chaque article.

vendredi 24 juillet 2015

Alexandre EGG (1878-1916)

EGG
Hippolyte Alexandre
Capitaine Adjudant Major
255ème régiment d’infanterie
Classe 1898
Recrutement de Nîmes
Mort pour la France le 15 décembre 1916
à Glorieux près Verdun (Meuse)
Tué à l’ennemi
Né le 17 décembre 1878
à Marseille (Bouches-du-Rhône)

 

J’ai été voir […] tante Anna [Benoît] que j’ai trouvée plus démoralisée et abattue qu’au moment de la mort de son propre fils [Pierre Benoît, mort des suites de ses blessures en octobre 1915]. J’ai tort de dire abattue car elle est au contraire très excitée surtout contre tous les embusqués ; elle a la plus triste mine que l’on puisse voir cela fait pitié  […] Je crains qu’elle soit sérieusement atteinte. Elle dit perdre un vrai fils, un vrai soutien avec Alexandre [Egg] ! Elle parle beaucoup de sa vaste intelligence qui donnait les plus grandes espérances. Les prières ardentes des enfants non exaucées la laissent semble-t-il un peu révoltée. J’ai tort de dire cela ; elle est surtout très excitée. J’irai cette après-midi avec mon ouvrage car un refroidissement la retient au logis.
(Mathilde à son fils – 4 janvier 1917) 

J’ai appris chez elle que tante Anna attendait demain sa nièce Suzanne Egg et ses trois enfants. Elle a tante Berthe. Je me demande comment elle s’arrangera pr loger tout ce monde.
            Pauvre Suzanne, j’appréhende ce revoir.
(Mathilde à son fils – 12 janvier 1917) 

J’ai déjeuné et tante Anna qui a en séjour jusqu’à demain sa pauvre nièce Suzanne et ses enfants. Cette dernière me parait bien courageuse, mais c’est un spectre, la figure toute tournée par des contractions nerveuses fait peine à voir.
            Elle parle beaucoup avec volubilité et raconte ses regrets poignants. Elle a le droit d’en avoir. Alex [Alexandre Egg] était encore mal remis, toussant tjours, vrai candidat à la tuberculose, il aurait dû être réformé, ou versé dans l’auxiliaire et ils ont été envoyés lui et ses camarades à la boucherie par un commandant incapable, ignorant de son métier. Devant eux 200 mètres de fers barbelés non encore atteints par l’artillerie et une mitrailleuse qui n’avait pu être repérée et qui fauchait les rangs l’un après l’autre. Il savait où il allait. Du reste il parait que l’Illustration raconte cet épisode navrant et j’aime mieux ne pas en parler beaucoup. Le commandant a été en disgrâce mais cela ne fait pas revenir ceux qui ne sont plus. […]
Je suis retournée voir Suzanne Egg. Pauvre femme à l’entendre son mari seul a connu toutes les atrocités de la guerre et tante Anna parle dans ce sens. Les Éparges, la Somme, rien n’est rien à côté de la défense de la cote 304 et moi je n’ai rien dit mais je me suis sentie froissée dans mon cœur de maman fière de son fils et pénétrée de ses souffrances et je suis rentrée le cœur tout gros. Mon humeur s’en ressent je suis triste et je vais me coucher, pr oublier tout ce qui me peine, si je le puis.
(Mathilde à son fils – 29 janvier 1917)

            Il ne faut pas t’énerver si S. [Suzanne] Egg ne voit péril et souffrances que là où est passé son mari. C’est tellement humain et la pauvre femme est tellement malheureuse qu’on peut bien lui pardonner ça.
(Jean à sa mère – 5 février 1917)

 
 
Alexandre Egg était le fils d’Henri Egg (1849-1919), industriel au Vigan, et d’Henriette Fraissinet (1843-1878). (A noter qu’Henri Egg, qui s’était remarié après la mort de sa femme, avait épousé Elisabeth Arnaud, dont la mère, Félicie Benoît, était la tante paternelle de Mathilde, et donc la tante par alliance d’Anna Benoît.)
            Alexandre Egg avait épousé en 1903 Susanne Schwebel (1880-1964), une nièce d’Anna Benoît (la mère de Suzanne Schwebel, Laure Bertrand, étant la sœur d’Anna).
            Alexandre Egg était donc doublement apparenté aux Benoît (par la femme de son père et par l’oncle de sa femme).
            Alexandre Egg et Suzanne Schwebel avaient trois enfants : Henri (né en 1904), Jean (né en 1908), et Pierre (né en 1912).

                On trouve sur sa fiche du registre matricule du Gard les mentions suivantes :
- 20 juin 1915 : blessé à la poitrine par éclat d'obus au bois de la Gruerie : "a été blessé grièvement en organisant la résistance de son secteur violemment bombardé par l'artillerie lourde".
- Cité à l'ordre du Corps d'Armée le 4 juillet 1915 : Officier remarquable "au front depuis le début de la campagne, a fait preuve en toutes circonstances de belles qualités d'énergie, de sang-froid et de bravoure. " Déjà cité à l'ordre, de nouveau distingué par sa brillante conduite pendant l'attaque allemande du 29 mai, commandant une compagnie avancée a reçu avec calme l'assaut de l'ennemi et grâce à ses habiles dispositions, à son élan personnel et à la confiance qu'il a su inspirer à ses hommes, est parvenu à refouler les forces adverses en leur infligeant de lourdes pertes.
- "Officier d'une bravoure exceptionnelle a été tué en entraînant sa compagnie à l'assaut et jusqu'au dernier moment a donné à tous le plus bel exemple du sens du devoir, de l'abnégation la plus complète, de volonté irréductible" (ordre général de la 2ème Armée du 7 janvier 1917).
- Chevalier de la Légion d'Honneur du 7 juillet 1916
- Croix de guerre avec étoile de vermeil du 4 juillet 1915, avec palme le 3 juin 1916, et le 7 janvier 1917 

HF (30/07/2015, complété le 19/12/2016 avec les informations de la fiche matricule) 

Source pour les informations de la fiche matricule et le lien vers cette fiche : Généanet, arbre de Philippe Bourelly.