A propos des "Pièces jointes"

Ces "Pièces jointes" sont un complément au blog 1914-1918 : une correspondance de guerre où sont publiées les lettres échangées pendant la Première guerre mondiale entre Jean Médard et les siens, en particulier avec sa mère, Mathilde. (Pour toutes les informations sur Jean Médard, se reporter au blog de base).

On trouvera ici un billet sur tous les amis ou camarades morts dont Jean évoque le souvenir. Pour chacun :
- sa fiche de "Mort pour la France" avec sa transcription (en bleu) ; toutes ces fiches proviennent du site Mémoire des hommes ;
- tous les textes de la correspondance et des mémoires de Jean Médard le concernant (en italiques) ;
- dans la mesure du possible, une notice biographique (dans un encadré).
Merci d'avance à tous ceux qui pourraient me communiquer des informations me permettant d'étoffer certaines notices, ou tout simplement me signaler leur parenté avec la personne à qui le billet est consacré. (Mon adresse est dans le blog de base, sous l'onglet A propos du blog.)

Les articles sont publiés dans l'ordre des décès, les morts les plus anciens se trouvent donc en bas de la liste. Pour faciliter d'éventuelles recherches, vous trouverez sous la rubrique "INDEX" une liste alphabétique, avec un lien vers chaque article.

vendredi 26 juin 2015

Roger ALLIER (1890-1914)


ALLIER
Roger Louis Théodore
Sous-lieutenant
11ème bataillon de Chasseurs
Classe : 1910
Recrutement : Seine 3ème bureau
Mort pour la France le 28 août 1914
à Saint-Dié
Tué à l’ennemi
Né le 13 juillet 1890
à Paris 14ème (Seine)

Raoul Allier [doyen de la faculté de théologie de Paris et ancien professeur de Jean] qui devait aller comme aumônier à Maubeuge n’a pas pu partir. Il organise des réunions religieuses pour  jeunes hommes très bien réussies.
Son fils [Roger Allier] est prisonnier des Allemands.
(Roger Jézéquel à Jean - 9 septembre 1914)    

Triste nouvelle : on a retrouvé ds une fosse commune le corps de Roger Allier, disparu depuis le début de la campagne, les parents espéraient encore… 
(Jean à sa mère - 26 mai 1916) 

Les Allier reviennent de St-Dié où l’autopsie de leur fils a révélé qu’il avait été tué à coups de crosses de fusil. Quel calvaire pour ces pauvres gens.
(Jean à sa mère - 29 mai 1916) 

          Roger Allier était le fils de Raoul Allier (1862-1939), pasteur et doyen de la faculté de théologie de Paris, et de Pauline Freiss.
(HF - 02/08/2015)

 
  Source pour l'article : Ordre des avocats de Paris..
  Livre d’or du Barreau de Paris..

  Roger Allier (1890-1914) 

Des études de droit et de sciences politiques, Roger Allier, fils d’un pasteur protestant, est admis au stage le 5 juillet 1910. Il passe son doctorat, se charge à plusieurs reprises de plaidoiries d’office, puis interrompt son stage pour cause de service militaire de 1911 à 1912 au 22e bataillon de chasseurs de Grenoble. De retour à Paris après son service militaire, il prépare le concours d’auditorat au Conseil d’État.
            Lors de la mobilisation générale, il se trouve à Chamonix : il est chargé de constituer une section de mitrailleuse pour le 51e bataillon de chasseurs. Et il écrit à ses parents être surpris par « la rapidité avec laquelle tous les hommes ont répondu à l’appel », et poursuit même : « Nous avons trop d’hommes : la mobilisation complète nous donne un effectif de 350 par compagnie » !
            Souffrant d’une entorse la veille du départ, il tait cette information de peur de rester en arrière. Il part donc mi-août de Aime en Savoie, non sans avoir quelques jours auparavant supplié le Commandant de « nous appeler dans l’est », avec le 51e bataillon de chasseurs, 74e division de réserve, section des mitrailleuses pour la région de Belfort Mulhouse.
            Après un périple en train de 50 heures, ils arrivent à Saint-Dié à 3 heures du matin, et essuient déjà des tirs de « taube » [avions] pendant qu’ils boivent leur café. Les combats et les bombardements de Saint-Dié commencent…
            Après deux jours de combats pour défendre le passage à niveau des Tiges, où certains l’on cru mort, il est atteint au mollet gauche par une balle de mitrailleuse et se fracture le haut du fémur droit dans sa chute. Il sera amené à l’ambulance du collège sur une charrette attelée d’un bœuf par les allemands, et évacué le lendemain en direction de Saales.
            Il est déclaré mort le 30 août 1914. Sa cantine reviendra en octobre 1914 sans rien contenir.
            Il est cité à l’Ordre de l’Armée en 1915, mais son corps n’a toujours pas été retrouvé.

            Le 19 mai 1916, le « comité lyonnais pour la recherche des disparus » a fait ouvrir, d’accord avec les autorités militaires et municipales, une grande tombe située derrière l’usine Marchal du faubourg de la Bolle (Saint-Dié). M. Jules Marchal, qui depuis 18 mois s’était dépensé, sans compter pour aider la famille Allier dans ses recherches se trouvait à Paris. Son corps est retrouvé dans cette tombe où les Allemands déposaient les blessés qui succombaient à l’ambulance. Son autopsie révèlera des blessures aux jambes, un crâne fracassé « probablement par un coup de revolver tiré à bout portant » ; « les allemands ont tout fait pour que l’identification des corps soit impossible. Non seulement ils ont ôté la plaque des sous-lieutenants ; ils ont été jusqu’à couper et enlever la partie de son caleçon qui portait ses initiales. L’identification aurait été impossible sans les détails des vêtements que Mme Allier et moi-même étions les seuls à connaître » (Lettre au Bâtonnier de Raoul Allier, père, le 27 juillet 1916).  

Citations à titre posthume
Ordre de citations de la VIIe armée n°12 du 14 mai 1915 : « quoique grièvement blessé aux deux jambes a continué à encourager ses chasseurs avec la plus remarquable énergie ».
            Puis « officier d’une réelle valeur et d’un incomparable esprit de sacrifice […] tombé aux mains de l’ennemi […] victime de son dévouement et de sa mâle énergie ».  
- Croix de guerre
- Chevalier de la Légion d'honneur